LGV-POCL : nos réactions- 6 juin 2012 – Lettre à RFF après le Débat Public.
Le 6 juin 2012, la Coordination des Associations du Beaujolais, s’est adressée au président de Réseau Ferré de France au sujet du projet de nouvelle ligne à grande vitesse qui serait à construire entre Paris et Lyon.
Monsieur le Président
de Réseau Ferré de France
Objet : Projet de LGV-POCL
Monsieur le Président,
Nous intervenons auprès de vous dans cette période d’étude qui suit le Débat Public qui s’est tenu du 1 octobre 2011 au 31 janvier 2012.
Nous avons suivi avec attention ce Débat Public, aussi bien les comptes-rendus des réunions, que les Cahiers d’acteurs, les contributions et avis. Nous sommes même allés jusqu’à lire et enregistrer les questions posées ainsi que les réponses que vous y avez apportées.
Le Débat Public
Nous sommes intervenus dans ce Débat et avons apporté, en plus de notre cahier d’acteur n°109, divers contributions et avis (dont les pièces jointes). Nous avons eu des réponses (très tardives) aux questions que nous avons posées sur les 100 derniers kilomètres de cette ligne dans son arrivée vers Lyon. Il semble que nos questions aient embarrassé car elles sortaient du contexte d’unanimité en faveur de ce projet et d’un schéma passant par Roanne déjà tout approuvé par les partenaires avant même l’ouverture du Débat.
La seule réunion qui se soit tenue dans la région Lyonnaise, s’est tenue le 1er décembre à Villefranche/s/ Saône. Les interventions (souvent assez argumentées) des participants, élus ou associations, ont été très majoritairement défavorables au projet… et pourtant les conclusions de la Commission du Débat Public n’en font pas état… comme si cette réunion n’avait pas eu lieu. Il est vrai que les arguments apportés par les uns et les autres, différaient des échanges des autres réunions sur les avantages de tel ou tel tracé. Ils touchaient à l’opportunité même de ce projet. Sans doute, cette question dérangeait.
Après cette réunion, le débat a suivi son cours, plusieurs réunions revenant dans des villes qui avaient pourtant déjà bénéficié d’une première réunion, mais qui étaient très favorables au projet.
Pour la région lyonnaise, qui avait ainsi manifesté ses critiques et son inquiétude, rien de tel.
La réunion thématique sur le fret aurait pu se tenir n’importe où d’autant que la LGV-POCL ne concernera que les voyageurs.
Une véritable démarche démocratique aurait consisté à approfondir le Débat sur ce point géographique d’opposition qui s’était manifesté. La ville de Lyon et les zones suburbaines qui seraient touchées par le passage de cette ligne, représentent sans doute, hors la région parisienne, la part la plus importante de la population concernée par ce projet.
Il ne faut pas sous-estimer l’opposition qui s’est manifestée là.
Les variantes du tracé
Nous tenons à réaffirmer notre opposition à ce projet, particulièrement dans la variante du passage de la ligne principale par Roanne. Cette variante, traversant des zones au relief accentué, ainsi que des zones fortement urbanisées, entraine des travaux supplémentaires d’infrastructures , tunnels et viaducs d’un montant financier très élevé et augmente ainsi (de 670 millions d’euros pour le tracé Médian) le coût général du projet . Supplément inacceptable, car ce tracé n’apporte rien pour aucune des 12 villes desservies par le projet, et pour la treizième, Roanne, peu de choses (voir dossiers). Et même absolumentrien de plus pour le timide début d’axe Est-Ouest de 80km, qui aboutit soit par Roanne, soit par Mâcon au même point le plus à l’ouest entre Nevers et Bourges.
De quoi faire sourire en lisant les arguments des uns et des autres répétés d’une réunion à l’autre par les mêmes intervenants officiels. A croire qu’ils en étaient restés aux informations qui leur avaient été données avant l’ouverture du Débat et qu’ils n’avaient pas regardé eux-mêmes les cartes et les études fournies pourtant en nombre par RFF.
Tous ces « politiques » se sont beaucoup investis dans la défense de ce projet mais il est dommage qu’ils se soient déplacés d’une ville à l’autre seulement dans une démarche de lobbying, sans même écouter ce qui était apporté comme information complémentaire par RFF, et sans prendre en compte les interventions et inquiétudes locales.
Le lobbying
Nous ne savons pas si lors des autres Débats publics, les opérations de lobbying ont été aussi fortes que lors de celui-ci. La commission du Débat Public s’est étonnée du nombre de Cahiers d’acteur : il faut reconnaître que ces Cahiers sont pour la plupart creux et répétitifs, se recopiant l’un l’autre et affirmant des lieux communs ou des formules toutes faites au mieux sans intérêt, au pire inexacts. Ainsi les organisateurs du Débat ont souligné à plusieurs reprises qu’il n’y avait pas de lien direct obligatoire entre l’arrivée d’une ligne LGV dans une ville et son développement économique. Propos non entendus...et arguments économiques repris dans chaque intervention. Quant aux contributions et avis la moitié a été organisée et orchestrée par les responsables politiques, les mêmes textes se retrouvant dans les délibérations des communes ou les avis des entreprises. Il est certain que la France entière ne peut plus ignorer les noms des entreprises implantées à Roanne ou dans sa région : elles ont toutes apporté leur contribution !
La rentabilité socio-économique du projet
Concernant les aspects économiques du projet nous insistons sur la faible rentabilité du projet pour les collectivités publiques (voir notre étude complète). Ce projet POCL est construit sur des simulations de financement catastrophiques avec un taux de rentabilité monétaire ne couvrant que 15 à 20 % des 13 milliards d’euros de coût du chantier. (= recettes RFF et SNCF pendant 50 ans).
Le reste qui serait payé directement avec nos impôts, représente avec 71 % du coût du chantier, la valorisation des gains de temps en minutes pour les voyageurs utilisant ces lignes… la valeur d’une minute gagnée par un voyageur de 1ère classe étant comptée 3 fois plus que pour un voyageur de 2nde classe… et même la valorisation d’un temps supposé qui pourrait être perdu par les voyageurs actuels du fait des retards des trains si cette ligne ne se faisait pas ! Les décomptes présentés par RFF semblent artificiellement équilibrés au taux minimum attendu pour que le projet risque de passer.
Y a-t-il un lien entre le montant considérable des investissements nécessaires pour construire une nouvelle ligne LGV et les investissements manquants sur les réseaux TER ?
Non a répondu à chaque fois RFF, puisque d’après la loi, nous ne dépensons qu’à hauteur de ce que nous pourrons récupérer en recettes pendant 50 ans. Exact pour RFF. Mais réponse qui ne porte que sur la petite part de financement qui sera apportée par RFF, soit 20 % du prix du chantier et de ses dépenses annexes.
Mais pour les 80 % restant apportés par l’Etat (40 %) et les collectivités locales (40%), ce lien est toutà fait évident. Un milliard d’euros dépensé par une collectivité sur une ligne LGV est autant de financement qu’elle ne peut pas dépenser ailleurs, aussi bien dans les écoles ou les hôpitaux que dans l’entretien et la modernisation des lignes TER.
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Tous les gouvernements successifs vont-ils continuer de créer des déficits et de l’endettement ? Nous n’avons pas envie de voir remettre en cause nos conditions de vie et de garanties sociales pour permettre à quelques uns de gagner quelques minutes sur leurs trajets vers Paris.
En Espagne et au Portugal, le déficit a été causé en grande partie par les emprunts nécessaires pour réaliser ces grandes infrastructures soi-disant créatrices de richesses. C’est maintenant la population qui paye ces erreurs… et qui les payera pendant de nombreuses années.
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Enfin nous constatons que pour la région sud du projet ce projet est mal conçu :
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Toujours la centralisation vers Paris
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Encore une nouvelle ligne venant surcharger la région lyonnaise
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La ligne principale passe trop loin de Clermont
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L’implantation d’une nouvelle gare LGV devrait correspondre à un nœud de correspondances avec le réseau TER, afin de desservir toute une zone. Ce n’est pas du tout le cas pour Roanne qui n’est desservie actuellement par aucune ligne électrifiée.
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La liaison Clermont-Lyon, jugée prioritaire par les deux villes, serait solutionnée de façon plus satisfaisante par la modernisation de la ligne existante, avec des trains TER rapides sans arrêt, et des trains de desserte locale un peu plus lents car incluant des temps d’arrêt dans les villes intermédiaires.
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L’hypothèse de la desserte de Saint-Etienne, directement par Nevers ou Bourges, en évitant Lyon n’a pas été étudiée à fond. Elle déchargerait pourtant le nœud ferroviaire lyonnais d’une partie du trafic de Saint-Etienne.
Nous réaffirmons :
. Que la saturation annoncée de la ligne Paris-Lyon est loin d’être certaine (pas ou peu d’augmentation de trafic ces 5 dernières années). Les quantités annoncées reposent sur l’hypothèse où toutes les lignes nouvelles prévues seraient mises en service, ce qui est improbable. Ce qui est vrai, c’est que la ligne Paris-Lyon est financièrement pour ses exploitants la plus rentable. Calculs à revérifier et à rendre publics.
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Que les temps de parcours annoncés sont largement surestimés (annoncés sans arrêt et à une vitesse de 320 km /heure)= à revérifier
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Qu’il faut avant tout compléter l’étude sur les solutions alternatives d’aménagement des lignes actuelles, le facteur vitesse ne comptant pas comme facteur prioritaire.
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Que chaque collectivité appelée à financer ce projet pourrait utiliser mieux ses ressources pour des chantiers de proximité, plus utiles aussi en termes d’emplois sur place et que les contribuables pourront un jour leur demander des comptes.
Il paraît évident que la situation économique d’une part, l’impossibilité de répondre à tous les objectifs fixés par la loi à ce projet POCL dans des conditions financières acceptables d’autre part, devraient vous inciter à prendre une position de prudence et d’attente.
……………
Dans ce contexte, le fait d’écarter dès maintenant la variante par Mâcon, beaucoup moins coûteuse, serait une erreur majeure, impossible à justifier .
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de nos sentiments les meilleurs.
Association des Amis du Vieux village d’Oingt
Association Protection Environnement Ouest Saône (Gleizé)
Bien vivre au Bois-d’Oingt et en Pays Beaujolais
Association agréée au titre de l’environnement pour le département du Rhône
Déambule (Saint-Laurent d’Oingt)
En longeant le Morgon (Lacenas)
Environnement durable en Beaujolais -EDEB (Rivolet)
Le Beaujolais doré (Lacenas)
Patrimoine et tradition de Ville-sur-Jarnioux
Vivre en Pierres dorées (Frontenas)
Coordination des Associations du Beaujolais
Marie-France Rochard rue Peignaux-Dame 69620- Le Bois-d’Oingt 04 74 71 66 68