LGV-POCL : paroles du Débat - Charles de BOURBON BUSSET - Ballancourt (Essonne) (avis 964)
Trafic supplémentaire surestimé et bilan économique non rentable du projet POCL…
RFF justifie la rentabilité du projet dans une modélisation du bilan économique, où les hypothèses de bases sont aberrantes en se réfugiant derrière ceci : * la loi du Grenelle de l'Environnement déclare que tous les TGV inscrits dans cette loi seraient réalisés avant 2025, nécessitant d'ici là un investissement de l'ordre de 150 milliards d'euros. C'est évidemment une aberration budgétaire par ces temps de surendettement de la France. Cela n'empêche pas RFF de prendre cette hypothèse comme base.
RFF en conclue que le trafic supplémentaire de ces nouvelles lignes LGV générerait sur la ligne Paris Lyon en 2025 un trafic justifiant le doublement de la ligne existante et donc la création de la LGV POCL. RFF questionnés répondent qu'ils ne peuvent que travailler à partir d'hypothèses compatibles avec la loi. Ce degré d'hypocrisie pour justifier le POCL dépasse simplement l'entendement. (Question 791).
* des directives gouvernementales précisent que dans le calcul du bilan économique d'un projet, pendant la période d'exploitation (à partir de 2025), la traduction monétaire (positive en l'occurrence) du solde de l'effet de serre doit être pris en compte. Mais, la valorisation de l'effet de serre pendant la période de création de l'investissement (avant 2025) et qui est par définition négative, n'est pas prise en compte. Cette méthode permet d'équilibrer le bilan économique global à bon compte, mais me semble très discutable, voire offensante pour la raison. Ceci est d'autant plus comique que pour le bilan carbone les 2 périodes (investissement et exploitation) sont prises en comptes. (Question 423).
Par ailleurs des hypothèses d'évolution de la technologie (réduction de l'espacement des trains) dans les années 2040/2050 ne sont pas prises en compte et restent volontairement conservatrices afin de justifier le doublement de la ligne. (Question 504). D'autres interrogations concernent le fait qu'en prenant les hypothèses de trafic voyageurs de RFF en 2035, (dont on sait qu'elles sont surestimées) la capacité de transport sur les voies existantes augmente de 33 %, alors que le trafic voyageurs escompté augmente de 30 %, donc moins vite que la capacité de transport. RFF en conclut que l'encombrement et donc les retards potentiels des trains augmenteraient d'une façon significative ce qui est une aberration mathématique. J'ai proposé à RFF de faire une communication à l'Académie des Sciences sur ce phénomène, qui n'a jamais encore été décrit. Ils se sont contentés de me répondre qu'ils avaient confiance dans leur modélisation… Voilà une réponse très technocratique qui cache probablement le fait que RFF a modifié le profil de la répartition du trafic dans le temps, sans expliciter les hypothèses prises et qui, comme par hasard, contribuent à la justification du POCL. (Question 408)
Le dossier étant relativement explicite, j'ai été amené à procéder à une réévaluation du bilan économique en prenant des hypothèses plus réalistes. Il en ressort qu'un dépassement du coût de l'investissement de 20 % rend le projet déficitaire (Question 793). En ces périodes de disette budgétaire, l'Etat ne doit pas laisser RFF et les collectivités intéressées financer un projet, dont la rentabilité pour la collectivité nationale, est au mieux nulle et au pire largement déficitaire.
(NB- l'auteur est maire de Ballancourt. Il a posé plusieurs questions en ligne lors du Débat Public et obtenu des réponses de RFF . Cet avis résume les réponses.)