Bourgs, demeures et maisons en Beaujolais Gallo-romain : conférence de J.-C. Béal, notes prises par Renée Dupoizat.- Septembre 2014

BOURGS, DEMEURES ET MAISONS EN BEAUJOLAIS GALLO-ROMAIN

Notes prises lors de la conférence du Professeur J.C.BEAL à l’Académie de Villefranche en Septembre 2014.

L’ occupation du territoire du Sud du Beaujolais –bord de Saône à la période gallo-romaine n’est plus à démontrer mais les formes d’implantation des hommes dans la région ne sont pas encore toutes bien connues ni étudiées, « c’est pourquoi l’état des connaissances actuelles présenté par J.C. BEAL lors de sa conférence à l’Académie de Villefranche , sur le thème « Bourgs, demeures et maisons dans le Beaujolais gallo-romain » (I°-IV° siècle) était plein d’intérêt.

J.C. Béal s’est attaché d’abord à passer en revue ce que l’archéologie nous dit de l’existence de « ville » «ou au moins de « bourgs » gallo-romains, dans le Beaujolais d’alors : petite partie excentrée du territoire ségusiave dont la capitale était Feurs.

Les Bourgs

-Un bourg : c’est la coexistence dans une même place , de maisons mitoyennes à vocation commerciale et d’habitation, d’entrepôts et d’ateliers , le long de voies aménagées.

Seul, le site de Ludna (proche de St Georges de Reneins) – bien étudié et décrit - répond à cette définition : c’était une agglomération-étape sur le grand axe de circulation Nord-sud .

On peut y ajouter le site de Pontcharra- sur- Turdine qui serait peut-être le « Mediolanum porté sur la table de Peutinger, mais on connait mal l’archéologie de Pontcharra.

Il faut aussi signaler l’existence attestée par l’archéologie d’un « village » anonyme à la Fontaine d’Anse, à un carrefour, avec des vestiges de maisons mitoyennes le long de la route.

Les sites de Lunna , d’Asa Paulini, et d’ Oingt que désignaient comme bourgs l’étymologie supposée de leur nom, n’étaient pas des bourgs, mais respectivement une villa, une forteresse et une hauteur.

Ainsi, dans l’état actuel des connaissances, il y a peu d’habitats agglomérés qualifiables de « bourg » et qui plus est , rarement à l’origine d’un bourg moderne.

Les demeures

- Les demeures désignent des villas de grande taille aux aménagements somptueux (cours et jardins, bassins, thermes, confort de l’eau et du chauffage, décors raffinés de mosaïques, de marbres et de peintures, vastes dépendances agricoles et artisanales.

L’archéologie en dénombre huit dans cette zone (dont les plus au sud-est se trouvent dans un rayon de 20 km autour de Lyon.)

- La villa de la grange du bief : c’est une des plus grandes de l’Occident romain, fouillée à plusieurs reprises et maintenant assez bien connue. Les vestiges conservés ne sont pas très nombreux mais attestent de sa richesse, et son plan est bien établi.

- La villa de la Commanderie à Taponas où on a trouvé des fragments de mosaïques et dont la superficie bâtie est estimée à 600 m2 environ

- La villa de Boitray à St Georges- de- Reneins : y sont signalés des fragments de mosaïque et d’une vasque.

- La villa de Béligny à Villefranche :avec des mosaïques.

- La villa du Bancillon à Anse : des sondages aux alentours de l’an 2000 ont mis en évidence le plan de la villa et des bâtiments consacrés à la viticulture, ainsi que quelques fragments de mosaïques en place.

- La villa d’Ambérieux- sur- Azergues est connue par quelques sondages et prospections.

- La villa de Civrieux d’Azergues d’où provient une statuette de bronze (18cm) d’un Mercure, conservée au musée gallo-romain de Lyon.

- La villa du Colombier à Chessy encore mal connue, près d’un établissement gaulois qui a livré des antéfixes pré-romains.

En résumé, on connait huit villas implantées soit sur des terres riches, lourdes et humides, soit dans des positions « pour voir et être vu ».

Ailleurs ? …. Les traces d’habitat sont nombreuses, mais encore très peu étudiées.

Villas et maisons

- Des prospections ont permis à St Laurent d’Oingt l’étude du site d’une villa de taille modeste occupée entre le I° et le IV° siècle . Ce site a livré des matériaux de construction , témoins d’un confort que seuls des propriétaires capables de dégager de leur exploitation la plus-value nécessaire pour les financer, ont pu doter leur maison d’un équipement de chauffage par tubuli (air chaud dans les cloisons), et d’ une décoration de mosaïques (tesselles dispersées) et de marbres.

tubulure- Saint-Laurent-d'Oingt

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« Tubuli » : tubes de terre cuite incorporés dans les murs qui portent le nom de "tubuli" et qui attestent du niveau de confort d'un logis puisqu'ils indiquent une installation de chauffage par air chaud des cloisons. Les "dessins" ont pour but de donner prise à l'enduit qui recouvrait ensuite la paroi. (trouvés à Oingt)

- A Marcy, les prospections ont livrés les éléments d’un chauffage par « suspensura » (air chaud par le sol)

Il y a donc bien en Beaujolais, de moyennes installations donc de moyennes exploitations qui échapperaient au contrôle des grandes villas… une relecture est à faire au vu de ces découvertes ….et peut-être , d’autres formes d’occupation sont-elles encore à décrire comme celles de Viadorée à Pommiers - fouilles non encore publiées - qui ont révélé de grandes installations viticoles (mais pas de villa attenante qui leur correspondrait) et un mausolée pour un propriétaire qui voulait y reposer après sa mort, alors qu’il n’y avait pas vécu durant sa vie ?

Notes prises par Renée Dupoizat au cours de la conférence.

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