LGV-Pour ou contre les grands chantiers de LGV ? Conférence –débat- résumé- 25 octobre 2012- Villefranche-sur-Saône. Une centaine de personnes venant de 29 communes différentes du sud du Beaujolais ont participé, à Villefranche-sur-Saône, à la conférence-débat donnée par le journaliste Marc Fressoz sur les projets de grands chantiers de LGV prévus dans le S.N.I.T. La ligne POCL (Paris-Orléans-Clermont-Lyon) était en cause...en partenariat avec Lyon Capitale -voir le site www.lyoncapitale.fr
Le Débat Public sur ce projet de ligne POCLdont le Schéma National des Infrastructures de transport (SNIT)avait envisagé la réalisation dans la tranche des 2500 km des deuxièmes priorités, s'était déroulé du 3 octobre 2011 au 31 janvier 2012 et RFF avait décidé le 7 juin 2012 de poursuivre le projet.
Le gouvernement ayant procédé à la mise en place d’une Commission pour arbitrer entre les différents projets du SNIT, le sujet débattu était au cœur de l’actualité. Et c’est un journaliste, Marc Fressoz, spécialiste des transports et de leurs conséquences économiques, qui avait été invité par la Coordination des associations du Beaujolais. Il avait publié fin 2011 un ouvrage intitulé « F.G.V. Faillite à grande vitesse : 30 ans de TGV… » aux éditions du Cherche-Midi. Lyon-Capitale était partenaire de cette soirée et le journaliste Guillaume Lamy animait le débat. (voir l'article de Guillaume Lamy sur www.lyoncapitale.fr intitulé : A qui profitera la 2e ligne Paris-Lyon du 25 octobre 2012- chercher à LGV-Paris-Lyon.
Marie-France Rochard, porte-parole de la Coordination des associations du Beaujolais a présenté les cartes du réseau actuel des lignes de train à grande vitesse en France puis les projets de nouvelles lignes prévues : il s’agit d’abord de doubler la longueur des lignes existantes avec 2000 km de nouvelles lignes à construire d’ici 2020 ; puis 2500 km de lignes supplémentaires (dont la LGV-POCL, dite Cœur de France) vers 2025.
Marc Fressoz * a rappelé l’histoire du TGV en France et l’évolution des mentalités autour de cette avancée technologique du réseau ferré. D’abord « un rêve d’ingénieur, c’est en 1974 qu’est prise la décision de lancer la première ligne Paris-Lyon ; mais c’est seulement à partir de 1981, date de l’inauguration de cette ligne, que le TGV va conquérir l’ensemble des politiques. Depuis le TGV est devenu pour les élus « un mythe, le désir de TGV provoquant une véritable addiction». Peu importe le prix à payer.
« Fascination pour la capitale : chacun veut être relié à Paris… fascination aussi pour les grands travaux… Folie du tout TGV… ». Le terme « aménagement du territoire » (= complètement dévié de son sens général) prenant le sens unique pour chaque ville de gain de temps de parcours pour rejoindre Paris. (Voir le dossier POCL et le contenu des débats : tout est calculé en minutes de temps de voyage vers Paris).
« Magnifique vitrine, rapide, prestigieux, symbole de modernité, notre fleuron ferroviaire souffre d’un grave défaut : il peine à trouver acquéreur en dehors de l’Hexagone. Cher, trop cher notre beau train, car au coût d’acquisition d’une rame TGV, au moins 25 millions d’euros, s’ajoute la facture de la construction de la voie (22 millions d’euros le kilomètre pour POCL, jusqu’à 90 millions le km en zone de tunnel ou en zone urbanisée), sans compter les futurs coûts de maintenance… »
La dette de la SNCF se montait à 20 milliards d’euros lorsque la réforme de 1997 confie à RFF le réseau dont il devient propriétaire et gestionnaire, l’exploitation étant conservée par la SNCF. La dette est alors transférée à RFF ; mais depuis, la construction des nouvelles lignes provoque son augmentation de près d’un milliard d’euros de plus par an et la dégradation du réseau classique. En Ile-de-France la situation est totalement dégradée ; partout en France, l’asphyxie financière de RFF a privé les lignes secondaires des travaux nécessaires…
En 2008, le Grenelle de l’environnement, liste 4500 km de voies nouvelles de LGV à construire en trente ans. La folie des grandeurs : pour Marc Fressoz, le « Grenelle de l’environnement se résume à un vaste plan de relance du BTP et de l’industrie du TGV, destiné à remplir les poches de géants du CAC 40 en vidant les caisses publiques. Et à faire croire que la saignée infligée à la nature par les lignes à grande vitesse est plus écologique que celle d’une autoroute ». 80 milliards d’euros de nouvelles dettes ferroviaires pour la première vague des 2000 km.
Comment financer ces chantiers ? Le système Partenariat Public Privé concède à une entreprise privée la responsabilité de construire et d’entretenir une ligne, moyennant la cession des recettes pendant 50 ans. Cette privatisation déguisée ne dispense pas d’un apport financier public majoritaire. Les prochaines lignes LGV sont si chères et leur rentabilité si faible que la contribution publique pourra atteindre 70% du coût du chantier (80 % pour la ligne POCL).
L’Etat sollicite alors les collectivités locales désireuses d’être desservies, de participer au financement à hauteur de 50 % des sommes manquantes. C’est ce que les dossiers appellent un « tour de table »… et Marc Fressoz le TGV-thon : appel aux promesses de dons des collectivités. Ainsi, les élus locaux des Régions, départements, agglomérations…ont accepté pour la ligne Tours-Bordeaux de verser chacun de 50 à 300 millions d’euros… Les voyageurs contribueront aussi car le prix d’un billet TGV Paris-Bordeaux devrait augmenter d’au moins 15%.
Pourtant il existe des solutions moins ruineuses et le constructeur français Alstom a dans sa gamme des trains qui peuvent rouler jusqu’à 250 km heures et des pendulaires circulant sur réseau classique. Les TGV ne représentent que 10% des 5 milliards de chiffre d’affaires de la branche ferroviaire d’Alstom. (Voir ouvrage de Marc Fressoz)
« Le désir de TGV est peut-être davantage celui des élus que celui de nos concitoyens … Même si on en parle beaucoup, ceux de nos concitoyens qui en sont des habitués ne sont pas si nombreux, déclarait en juin 2011 la ministre de l’écologie et des transports ». Prise de conscience de certains politiques ?